Que ton orgueil est grand face à quelqu'un qui, une fois que tu auras excité son œil et obtenu de lui la volonté d'entendre, ne percevra rien dont il soit certain. Que cherchais-tu à lui dire?
- 2012
Cette tragédie contemporaine
spectacle d'école 👶
Le projet se penche, avec autodérision assumée, sur le vocabulaire de la "danse d'intention", sur la danse contemporaine. Sur les intentions du mouvement lorsqu'il n'est pas abstraction ou esthétisme, de ses intentions et son éventuelle capacité à délivrer un message précis par le biais du corps en mouvement. La question du langage corps et de ses limites en terme de communication se pose. Le processus tente d'abolir toute confusion d'intention, tout mouvement gratuit, pour exprimer une idée et s'y tenir. Les concepts à exprimer vont d'un état de corps facilement exprimable, à des pensées développées défiant les capacités du mouvement corporel à communiquer lisiblement.
Choisie, la forme de la fausse répétition publique, potentiellement troublante, se veut d'être compensée par une immense clarté des informations délivrées durant cette dite répétition, il n'y a à priori pas de deuxième lecture induite.
La danse reçoit de multiple soutiens: tout d'abord celui de la comédienne qui joue la metteure en scène/chorégraphe, qui apporte didascalies et indications des intentions de la danse. La seconde "voix" est celle du chœur, formé par trois danseurs, qui vient encore soutenir le propos de la danse du soliste-héros par des mouvements se réduisant à l'essentiel du message à délivrer, sans permission de
cheminement ou évolution. Il vient plutôt souligner, et resouligner par des gestes répétitifs, l'idée initiatrice qui poussera le corps à se mouvoir pour délivrer. Le héros lui, peut se permettre de raconter de manière plus étoffée, et avec plus de liberté, une séquence qui répond au thème annoncé par le chœur.
Concrètement, des épisodes disparates sont filés, d'abord de manière fluide, puis interrompus progressivement par la metteure en scène qui donne de plus en plus de précisions verbales sur le thème.
Le public prend peu à peu conscience qu'il assiste à une répétition.
Les interactions entre les danseur·euse·s et la répétitrice abordent l'origine d'un mouvement, l'imaginaire de l'esprit qui peut altérer un mouvement simple, ironise sa représentation, etc.
A terme, la troisième couche dramaturgique intervient et la réelle initiatrice du projet prend la parole, afin de confirmer que le public a bel et bien assisté à une répétition mise en scène, faisant apparaître une nouvelle mise en abîme, et engage un débat sur la compréhension du mouvement.
Ainsi la pièce est rythmée par ses mises en abîmes, ses couches successives et complémentaires d'informations, qui toutes, explorent à leurs manières la question de la possibilité d'un corps de délivrer un concept précis. La scénographie est minimale. Il s'agit de plonger le spectateur dans une ambiance de travail. Les lumières de service sont donc d'usage et le plateau est vide.